L’impact négatif de la croissance économique sur l’environnement a été souligné dès les années 1970. En 1987, le concept de développement durable apparaît. Il correspond à la recherche d’un développement répondant aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Dans les entreprises, le développement durable s’est traduit par la prise de conscience et la reconnaissance d’une responsabilité sociale. Si le rôle des entreprises est avant tout économique , elles jouent également un rôle social vis-à-vis des salariés et plus généralement un rôle sociétal, envers la société dans son ensemble. Se pose donc la question de la conciliation entre les dimensions économiques et sociales de leurs activités.
1/ Les attentes à l’égard des entreprises : une demande d’éthique
A — La diversité des rôles des entreprises
En plus de son rôle économique, l’entreprise a des responsabilités vis-à-vis de ses salariés et de l’ensemble de la société.
Le rôle économique de l’entreprise consiste à assurer le développement et la survie de celle-ci. Elle produit des biens et services, et donc crée de la valeur. Son activité contribue à la croissance économique, et plus généralement à la création d’emplois.
Par ailleurs, l’entreprise a une responsabilité sociale, c’est-à-dire que son activité a des conséquences humaines et sociales. Elle doit veiller à la satisfaction de ses salariés. Les salariés attendent des entreprises une rémunération, mais également la sécurité de l’emploi, des conditions de travail convenables (temps de travail, sécurité au travail, souplesse des horaires…), un travail intéressant (besoin d’accomplissement), le maintien de leur employabilité (capacité à conserver et retrouver un emploi) par de la formation… D’ailleurs les entreprises ont, en France, une obligation légale de contribuer au financement de la formation professionnelle de leurs salariés . Enfin, les entreprises apportent de la reconnaissance (des relations, un statut social…).
L’entreprise a également une responsabilité sociétale, c’est-à-dire envers la société en général et les pouvoirs publics. Par son activité économique, elle contribue à la création d’emplois et au développement de certaines régions. De plus, elle mène de la recherche, ce qui accroît la compétitivité de l’économie. Elle veille également au respect de l’environnement. Enfin, elle participe à la vie culturelle, sportive et associative, par le parrainage ou le mécénat.
Les différents rôles de l’entreprise sont interdépendants. En remplissant son rôle économique, l’entreprise joue un rôle social et sociétal. Le terme de responsabilité sociale s’impose aujourd’hui.
Les entreprises soucieuses de leurs diverses responsabilités sont appelées des entreprises citoyennes; c’est-à-dire que ces entreprises dépassent la seule logique économique pour tenir compte de leur environnement global.
B — De l’éthique à la responsabilité sociétale des entreprises
1) L’éthique des affaires
Les concepts de morale et d’éthique sont complexes et étudiés par les philosophes. Il est possible de considérer que la morale se réfère à la vie individuelle, tandis que l’éthique concerne la vie économique. À la suite de Samuel Mercier, il est convenu de retenir que l’éthique permet « d’élaborer un certain nombre de règles dirigeant la conduite des individus pour distinguer la bonne et la mauvaise façon d’agir ». L’éthique va donc au-delà du respect de la légalité et de l’honnêteté. Elle vise à rechercher le bien. Le développement de la réflexion éthique s’explique par les interrogations sur les finalités des entreprises et leur conciliation, mais aussi par les scandales mettant en cause certaines d’entre elles.
Cette moralisation des affaires conduit les entreprises à formaliser leur démarche éthique, de façon à poser par écrit leurs idéaux, valeurs et principes qui devront guider la conduite de tous leurs salariés dans leur travail quotidien, mais aussi la conduite des dirigeants, notamment pour leurs décisions stratégiques. Cette formalisation peut prendre des formes diverses, comme l’énoncé de valeurs, ou encore le projet d’entreprise ou la réalisation d’un code éthique.
2) La responsabilité sociale de l’entreprise (RSE)
Le thème de la responsabilité sociale se positionne dans le prolongement de la réflexion sur l’éthique des affaires. Il offre un cadre pour étudier les relations entre l’entreprise et la société. Il s’articule autour des trois piliers du développement durable, à savoir l’économie, le social et l’environnement, ainsi que d’une réflexion sur la bonne gouvernance, c’est-à-dire l’exercice des pouvoirs.
Selon la définition proposée par le site de référence Novethic, « une entreprise ayant une politique de RSE tient compte de l’ensemble de ses partenaires économiques et sociaux. Les salariés, les clients et fournisseurs, mais aussi les organisations non gouvernementales (ONG) ou les collectivités locales ont un intérêt plus ou moins direct dans la vie de l’entreprise dont ils constituent les parties prenantes (stakeholders, en anglais). Les actionnaires sont un type particulier de partie prenante puisqu’ils sont directement intéressés par les résultats économiques de l’entreprise ». Il peut exister des divergences d’intérêts entre ces parties prenantes .